L’Antre

Avec Claude, Jean-François et François.

Ce lundi, la température a bien baissé. Le ciel au-dessus de Caudiès de Fenouillet était limpide, presque trop calme en contraste avec ce qui nous attendait sous terre. Avec Jean-François et Claude, nous avions rendez-vous avec L’Antre, cette cavité à la fois rude, sportive et fascinante.

Découverte le 26 décembre 2002 par Sylvette et Bernard Ournier, L’Antre n’a jamais cessé de nous surprendre. Quatre-vingt-quatorze sorties ont été nécessaires pour en appréhender les secrets, et pourtant, nous savons qu’elle n’a pas livré tout ce qu’elle cache. Avec ses deux entrées, elle joue de ses complexités. Cette fois, nous avons choisi de passer par l’entrée sud, un soutirage raide qui nous a conduits à un plan incliné abrupt, jusqu’à une lucarne latérale débouchant sur un puits.

Ce puits, c’est en réalité la partie inférieure du P32 de l’entrée surnommée « Quarante ». Nous connaissons bien cette configuration maintenant : un réseau méandriforme, qui s’étire en trois temps. Le premier tiers se laisse descendre sans trop de peine, un passage presque accueillant si on oublie l’humidité et l’étroitesse des parois. Puis, le ton change. La deuxième portion se resserre, nous emmenant à travers la capsule Apollo, le puits du Pélodyte, et l’inévitable Moins ça va, plus ça va, nommé avec un humour qui ne masque pas vraiment les difficultés qu’on y affronte. Enfin, la veine s’élargit à nouveau. Le dernier tiers nous accorde un peu de répit, de l’espace pour respirer, penser, parler. La cavité atteint ici une profondeur totale de 226 mètres, et c’est là que commence vraiment notre objectif du jour.

Depuis quelque temps, l’obsession de Jef est claire , établir une jonction avec le gros réseau situé dessous : le Cthulhu, au niveau de la zone dite Entrée interdite. Une connexion qui changerait la compréhension du massif, et qui pourrait ouvrir sur de nouveaux développements majeurs. Mais l’obstacle est de taille : d’après les dernières données que nous avons pu obtenir, il resterait environ 150 mètres à parcourir, avec 15 mètres de dénivelé entre notre position et la cible. Espérons déboucher sur une nouvelle galerie.

Après des heures à batailler avec la roche, 5 tirs et treize pailles plus tard, nous avons réussi à désobstruer un mètre de plus. Un mètre. C’est peu, mais c’est un pas. Avec les 3 mètres déjà dégagés, nous n’en avons plus « que » 146 devant nous. C’est énorme, mais c’est tangible. MDR !

En ressortant de la cavité, un peu plus de dix heures plus tard, les vêtements trempés et les muscles tirés, une idée nous trottait dans la tête : vivement qu’on trouve une galerie. Car quelque part, là-dessous, on le sent, une suite nous attend. Il suffit de creuser encore, de revenir encore (dans un an et demi pour se remotiver). Et un jour, L’Antre finira par nous répondre.

On aurait pu appeler la sortie Pour un mètre de plus, pour un mètre de moins ou Plus que 146 mètres. Ca dépend si tu es optimiste ou pessimiste. L’exploration en spéléo est l’exploitation de l’homme par l’homme; la désob, c’est le contraire !

Magnifique virée avec Claude et Jef. Mille mercis.