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canyon du Saint Vincent

Alti. dép.              1660 m                 Approche             2h30

Dénivelé               800 m                  Descente              6/8 h

Longueur              3000 m              Retour                 0h40

Cas. max              75 m                   Navette                 néant

Corde                   50 m ou 40 m   Cotation               v5a3IV

 

Très belle gorge, longue, technique, variée, aquatique et … sportive. On adore ou on déteste. Mais pour moi, il reste le plus beau canyon des Pyrénées Orientales par son éloignement, son envergure et la beauté des paysages que l’on parcourt. Ce parcours reste réservé aux pratiquants sportifs : 47 cascades dont une vingtaine franchies obligatoirement en rappel. Un cran au-dessus de ses voisins le Cady ou le Taurinya d’un point de vue sportif : 2h30 + 7h + 0h40 = 10h10 d’effort (+ pauses). On n’oublie pas généralement la marche d’approche ! L’excellent équipement réduit l’effort et l’horaire, mais ne gomme pas complètement les difficultés liées à un gros débit. Canyon engagé mais nombreuses possibilités de se mettre hors crues, néanmoins les échappatoires que ce soit rive droite ou rive gauche seraient très longs et fastidieux.

Accès

Depuis Prades, remonter la vallée de la Têt en direction de l’Andorre par la N116. Au rond point de Villefranche de Conflent, partir à gauche sur la D116 direction Vernet-Les-Bains. Traverser Vernet en suivant l’itinéraire du massif du Canigou. Au petit rond point à la sortie du village, revenir à gauche vers le centre ville. Prendre direction Fillols et suivre les panneaux « Gorges du Saint Vincent » puis « Cascade des Anglais ». À la sortie du village, juste après le cimetière, suivre la route à droite et se garer sur le parking aménagé.

Approche

Prendre la piste de la cascade des Anglais en tirant toujours à gauche pendant une dizaine de minutes. Puis abandonner cette piste en suivant le sentier à droite indiqué par le panneau « Col du Levant/Bois de la ville » et en laissant à gauche la piste de la « cascade des Anglais ». Rapidement, on longe un grillage main gauche. Après 1/4 h, bifurquer à gauche en suivant l’indication « ancien sentier du refuge de Bonne-Aigue » et en laissant à droite la direction du « Bois de la ville ». 1h45 de montée raide mais ombragée nous dépose sur le sentier des balcons du Canigou (GR10). Prendre à gauche. Durant l’ascension, laisser à gauche le chemin qui redescend sur les « cascades » en suivant à droite la direction « la conque » (panneau indicateur). On parvient enfin à d’immenses barrages en escalier. Descendre sous le dernier (petit) barrage pour rejoindre le sommet de belles dalles grises couchées. La dénivelée de la marche d’approche avoisine les 1000m !

Descente

Pour apprécier pleinement son parcours, le Saint-Vincent doit se faire au moins trois fois J. La première fois, on le subit. La deuxième fois, on anticipe les obstacles, les liaisons sont vite avalées. À partir de la troisième descente, on commence à entrevoir les jeux qui sont si nombreux.

Six obstacles notables balisent la descente :

– C37 sur la dalle de départ qui peut se shunter par la droite

– T8+C41 la grande dalle

Soyez prudent à la cascade C20 « tournés les hélicos » précédent cette grande dalle ! Cet obstacle, sans difficultés particulières avec les précautions d’usage, est souvent le lieu d’accidents. Quand l’hélico sort, c’est pour intervenir ici ! Parole de secouriste.

Comment cela se passe ?

Dans cet obstacle, on se fait une cheville soit à la réception de la désescalade de la cascadelle, soit en tapant l’avancée rocheuse en faisant le saut RD. On pose alors la corde dans le toboggan suivant pour se soulager à l’entrée de la grande dalle que l’on fait en principe sans. Puis en descendant la grande dalle, on s’aperçoit que la poursuite de la descente (qui n’est qu’à son début) ne sera pas possible. On se déplace alors pour trouver du réseau – ceux qui n’est pas facile – et on fait le 112. Alors méfie, n’hésiter pas à poser une corde à la C20.

– l’enchaînement « Pif-Paf » gauche-droite qui se descend en trois rappels

– C45 la cascade en S avec un 1° rappel de 18m dans l’entonnoir de départ, relais intermédiaire rive gauche puis 30m

– C75 la grande cascade (Forat de la Tomba) avec relais intermédiaires (17+13+45 ou 35+40)

– C18 la cascade des Anglais, cascade finale au pied de laquelle on aperçoit les passerelles en bois du chemin de retour.

Retour

De la cascade des Anglais, redescendre par le sentier balisé à la voiture (évident).

Engagement

Des parties très encaissées entrecoupées d’autres sections en forêt où l’on peut se mettre hors crues mais les échappatoires sont longues et malaisées.

A noter, une échappatoire en haut de la C75 en RG.

 Remarques

Un relais doublé par un point isolé signifie raboutage des cordes.

Pour le choix des cordes, 2 options : une petite équipe expérimentée prendra des cordes de 40m (un vrai 40 m), une équipe plus grande s’embarrassera de deux cordes de 50 m et d’une de 40 m pour être plus à l’aise dans la grande cascade : gestion et vision globale du groupe dans l’obstacle.

Approche par le col des Voltes (1838m): en 4×4, se faire déposer au col par la route forestière des Cortalets, poursuivre à pieds derrière la barrière par la piste plein sud, rejoindre une première crête, une seconde, passer au-dessus du refuge de Bonne-Aigue (1741m), une troisième et enfin toujours par cette même piste et des lacets, descendre sur la zone des barrages. Approche de 6km à plat ou en descente avec une légère montée avant la première crête qui augmente sensiblement le temps d’approche mais diminue considérablement l’engagement sportif. Compter 1h30.

 

topo Saint Vincent à imprimer / à télécharger

 

 

Petite d’histoire d’un rééquipement

Depuis quelques années, ça me trottait dans la tête d‘aller rééquiper le canyon du Saint Vincent. Les principales raisons – qui m’animaient je pense – étaient le défi que représentait cette action et en premier lieu l’intérêt que je porte à ce canyon qui à mes yeux est le plus beau du département. J’avais rajouté des Spits par ci par là, changer des cordelettes (les oranges notamment), la corde de la MC de la grande cascade… Dès que j’en ai parlé autour de moi, des personnes sûres m’ont apporté leur soutien. Richard se proposait de m’accompagner dans nos pérégrinations et Tobal pouvait nous fournir du matériel via le CAF de Perpi. Le choix crucial était alors de définir notre action. On voulait garder l’esprit du canyon, poser du matériel fiable et conforme aux exigences d’aujourd’hui et assister les futurs canyonneurs qui effectueraient la descente sans la connaître.

                 Lorsqu’avec mon marteau j’ai testé la résistance de certains pitons, tous doutes se sont envolés concernant notre action. La crainte des réactions des Ayatollahs du ter d’av s’est enlever avec le piton de la grande dalle C41. Je voulais voir comment sonner un piton du relais de cette cascade. Au premier coup de marteau, le piton a giclé de son logement… Ce piton était en plus trompeur : il possédait un œil qui semblait indestructible mais sa lame ne dépassait pas les 4 cm de long et 2 mm d’épaisseur. S’il venait à lâcher, jump de 41 m assuré… Des expériences similaires se sont produites avec d’autres pitons ainsi qu’avec des spits : pitons qui sortaient quasi à la main, lames hyper courte et hyper fine pas loin du papier à cigarette ou vis de spits bouffaient pour laisser 3 mm de diamètre d’acier sain alors qu’ils semblaient « safe » d’aspect extérieur. Dans ce cas là, la vis pétait et nous restait dans les doigts. Beaucoup de pitons et plaquettes étaient de fabrication maison, les objets détournés de leur utilisation initiale devenant pitons ou plaquettes nous ont fait souvent réagir et sourire en pensant à l’ingéniosité de leurs créateurs. Nous avons fait le choix d’équiper en 105 mm de profondeur et en 12 mm de diamètre, tout inox. Tous les relais sont chaînés car non sensible aux crues ou aux gels. On n’est pas dans les Oules non plus, les Abalakovs ne se justifiaient pas J.

                 Concernant l’emplacement de points, nous avons respecté l’emplacement initial qu’avaient choisi tous nos prédécesseurs en règle générale. L‘emplacement sélectionné était judicieux : hors crues, vu sur l’obstacle, accessibilité… Nous avons effectués comme modifications :

● la descente de C41 est passée de RD à RG pour passer dans l’actif

● à la sortie de l’enchaînement Pif Paf, nous avons rajouté un relais hors d’eau car cette cascade peut vite booster

● rajout de deux plaquettes anneaux à une C3 piège car si on retirait la corde à la C8 précédente on pouvait se faire la cheville dans la désescalade

● dans l’enchainement suivant, on a équipé RG pour éviter un gros frottement

● à la cascade à Éric, on passe désormais en rive droite pour passer avec une 40 m et la MC est plus confortable.

● la grande cascade pour passer avec 40 m tout en conservant l’emplacement du relais à 45 m (au niveau du cassé) pour voir et au-dessus et en dessous de l‘obstacle.

                 Nous n’avons pas voulu rajouter des mains courantes car les frottements sont inexistants ou légers et les groupes dépassant les 8h pourraient arrivaient rapidement à en mettre 12 … Même si certains locaux descendent en un peu plus de deux heures J. Nous avons rajoutés des mains courantes au relais difficilement accessible par gros débit, à la cascade à Eric où j’avais failli assister en direct à un accident (l’accès glissant au relais pouvait te projeter au bas de la cascade), et à l’antépénultième cascade du canyon qui n’en possédait pas. Nous avons doublé d’une plaquette les relais où on a besoin de rabouter les deux cordes de 40 m. L’anneau supplémentaire à coupler au relais permet aussi une meilleure gestion du groupe,  décalage du leader ou du sac qui facilite l’accès au relais pour les suivants.

                 Pour l’équipement proprement dit, il nous a fallu 5 journées.

> Jour 1 (Richard, Laurent, François): 8 septembre 2012

Monté du matos à trois (un peu plus de 22 kg) et 6 trous percés… l’électrique dans le gneiss ça fait pas ! Quand on s’aperçoit que nous pouvons faire que trois trous avec une batterie, on garde la deuxième pour un relais con à placer : l’inter de la cascade en S. Soupe à la grimace. Laurent fait la descente avec deux pieds gauches. C’est ça d’avoir trop de paires de Five Ten…

> Jour 2 (Richard, Laurent, Jacky, la raya du CAF de Perpi, François): 15 septembre 2013

Au thermique ça roule… jusqu’au 45ème trou où le perfo ne percute plus. Durant la descente, Lolo nous rejoint avec un groupe du CAF qui nous accompagne un moment nous permettant de nous alléger les épaules. Il va falloir attendre l’année prochaine, le canyon ferme.

> Jour 3 (Richard, Julien, François, Éric, François) : 4 août 2013

C’est reparti mais nous n’avons pas reçu les relais et plaquettes de notre commande, les trous sont quasi finis, on se fait éjecter par la nuit. Grosse, grosse journée avec ces deux nouveaux fêlés du perfo rencontrés à la FFME. Éric, un BE escalade de Lyon, rencontré la veille dans le Llech est de la partie.
> Jour 4 (Richard, Julien, François, Yorrick, François): 1 septembre 2013

YES ! CHAUD PATATE ! Ça roule, le thermique à fond même sous l’eau, on peaufine l’équipement, fixe le matos, vire les loupés. Au dernier passage, on a rencontré un problème d’expansion de points dans la grande cascade : le foret usé perçait des trous trop petits en diamètre. Or le phénomène avait débuté un peu avant = démontage et repose de points. Grrr !!! On finit à la frontale … mais sans frontale pour certains. Petit plaisir : on a shunté la marche d’approche en quatre-quatre…

> Jour 5 (Richard, Yorrick, François) : 14 septembre 2013

Reste à poser les 4 derniers relais et virer les deux points foirés à la grande cascade et un dernier petit coup de défrichage pour finir cette histoire.

                 Un grand bravo à nous tous où on s‘est bien éclaté (au propre comme au figuré) dans ce rééquipement et cette belle aventure :

Lolo, Julien et François, Yorrick, Eric, Jacky et la raya de Perpi et spéciale dédicace à Ricci qui a été de toutes les parties… sans oublier Tobal qui sans lui rien n’aurait été possible.

 

                Bonne marrade, François.

 

 

 

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